Nos fiches techniques comptable Amortissement linéaire ou amortissement dégressif : que choisir ?

Différences entre amortissement linéaire et dégressif 

Qu’est-ce que l’amortissement comptable ? Quelles différences entre la méthode d’amortissement dégressif et la méthode d’amortissement linéaire ? Comment calculer l’amortissement dégressif et l’amortissement comptable ?

Qu’est-ce que l’amortissement comptable ? Quelles différences entre la méthode d’amortissement dégressif et la méthode d’amortissement linéaire ? Comment calculer l’amortissement dégressif et l’amortissement comptable ?

L’amortissement comptable : définition

Contrairement aux opérations courantes qui s’effectuent du jour au jour au cours d’un exercice comptable, les travaux d’inventaire s’en réalisent vers la fin. L’amortissement comptable fait partie de ces derniers et prévoit la constatation de l’amoindrissement des éléments de l’actif résultant de leur usage (usure physique), de l’évolution technique (obsolescence) ou encore du temps.

L’amortissement comptable s’opère en respectant notamment deux principes comptables :

  • En vertu du principe du « coût historique », l’entreprise doit toujours inscrire à son bilan l’actif immobilisé par sa valeur d’entrée (coût d’acquisition). L’amortissement qui concoure à la réduction de la valeur de l’actif figure dans une deuxième colonne de chiffre à côté de celle de la valeur d’entrée (première colonne) et la valeur nette d’amortissement dans la dernière colonne. Ainsi:

Valeur d’entrée des biens amortissables – cumul d’amortissement = Valeur nette d’amortissement.

  • En vertu du principe de la « spécialisation des exercices », chaque exercice comptable doit inclure ses propres produits et charges. L’immobilisation bénéficie à plusieurs exercices. Ainsi, les charges d’amortissement relatives à chaque exercice doivent apparaitre exclusivement dans la comptabilité propre à celui-ci.

Il existe une variété de méthodes d’amortissement pour calculer la charge d’amortissement. Dans cet article, on s’intéresse aux deux méthodes les plus utilisées, celle de l’amortissement linéaire et celle de l’amortissement dégressif.

La méthode de l’amortissement linéaire

L’amortissement linéaire (appelé également amortissement constant) permet de disposer des charges d’amortissement (annuités d’amortissement) qui sont réparties de manière égale sur toute la durée d’utilisation réelle de l’actif. Ainsi, la valeur comptable de l’actif  de votre bilan prévisionnel baisse chaque année du même montant, jusqu’à ce que celui-ci soit totalement amorti. La charge d’amortissement annuelle peut se calculer en :

  • Faisant le rapport de valeur d’acquisition du bien (la valeur d’entrée) sur la durée d’utilisation réelle de l’actif. Ainsi :

Annuité d’amortissement = valeur d’entrée de l’actif / Durée d’utilisation réelle

  • Ou en multipliant la valeur d’entrée de l’actif par le taux d’amortissement linéaire. Ainsi :

Annuité d’amortissement = valeur d’entrée de l’actif * taux d’amortissement linéaire

Avec :

  • Valeur d’entrée = prix d’achat + frais accessoires + coûts de démantèlement + frais financiers
  • Taux d’amortissement linéaire = 100 / durée d’utilisation réelle de l’actif

Les charges comptables relatives aux annuités de l’amortissement linéaire (dotations aux amortissements) correspondent dans la plupart des cas aux annuités d’amortissement fiscal. Toutefois, les entreprises peuvent choisir d’amortir leurs actifs sur une durée d’utilisation autre que la durée d’usage admise en fiscalité (si elles parviennent à justifier une durée d’utilité de l’actif plus ou moins importante). Dans une telle situation, il convient de constater une provision réglementée pour amortissements dérogatoires :

  • Reprise sur provisions réglementées : si amortissement comptable > amortissement fiscal ;
  • Dotation aux provisions réglementées : si amortissement comptable < amortissement fiscal.

Toutefois, la loi autorise certaines PME à ne pas chercher la durée d’utilité mais d’utiliser les durées d’usage admises en fiscalité sans avoir à constater des provisions réglementées pour amortissements dérogatoires. Pour y être éligible, elles doivent, pour deux exercices successifs, avoir deux des trois seuils suivants :

  • Un total de bilan qui ne dépasse pas 4 000 000 € ;
  • Un chiffre d’affaires qui ne dépasse pas 8 000 000 € ;
  • Pas plus que 50 salariés.

La méthode de l’amortissement dégressif

L’amortissement dégressif permet de passer des amortissements plus importants les premières années que les années suivantes. L’entreprise peut ainsi bénéficier d’une réduction d’impôts plus importante les premières années qu’avec l’amortissement linéaire, ce qui tend à favoriser l’investissement. Cette méthode d’amortissement est réservée à certains actifs neufs dont la durée de vie est d’au moins 3 ans.

Le calcul de la charge amortissement dégressif (annuité d’amortissement) s’effectue en multipliant la valeur résiduelle de l’actif par le taux d’amortissement dégressif. Ainsi :

  • Annuité d’amortissement dégressif = Valeur résiduelle de l’actif * taux d’amortissement dégressif

Avec,

  • Valeur résiduelle de l’actif = Valeur d’entrée de l’actif – Amortissements dégressifs cumulés
  • Taux d’amortissement dégressif =Taux d’amortissement linéaire * Coefficient au taux linéaire

Ca coefficient varie selon la durée de vie théorique du bien. Il est égal à :

  • 1,25 lorsque la durée de vie est de 3 à 4 ans ;
  • 1,75 lorsque la durée de vie est de 5 à 6 ans ;
  • 2,25 lorsque la durée de vie est plus que 6 ans.

Le taux obtenu est appliqué la première année sur la valeur d’acquisition, puis les années suivantes sur la valeur résiduelle (la valeur comptable nette des cumuls d’amortissement). Par ailleurs, l’amortissement dégressif doit être abandonné au profit de l’amortissement linéaire, lorsque le taux dégressif devient inférieur au taux linéaire calculé sur la durée de vie résiduelle.

Enfin, il convient de passer des provisions réglementées :

  • Reprise sur provisions réglementées : si amortissement dégressif > amortissement linéaire (supposé égale à l’amortissement fiscal) ;
  • Dotation aux provisions réglementées : si amortissement dégressif < amortissement linéaire (supposé égale à l’amortissement fiscal).

A noté que, lorsque l’achat a eu lieu en cours d’année, le calcul de la première annuité diffère légèrement, et ce, que l’amortissement soit linéaire ou dégressif. La première annuité d’amortissement est calculée au prorata temporis, c’est-à-dire en proportion avec la durée d’utilisation de l’immobilisation la première année (dans le cas de l’amortissement dégressif, on commence le calcul le premier jour du mois d’acquisition). La première annuité étant alors partielle, elle est complétée par une annuité supplémentaire en fin de vie comptable de l’actif.

Exemple d’amortissement

Une société a acquis le 7 avril 2014 un véhicule utilitaire au prix de 10 000 € (HT). Ce véhicule a été mis en service le 9 avril de la même année après avoir engagé des frais de mises en service à hauteur de 2 000 €. Il possède une durée de vie de 5 ans (en supposant que la durée d’usage fiscale = la durée d’utilisation réelle). Par ailleurs, le véhicule aura une valeur résiduelle de 2 000€.

 

Questions :

1- Quels sont les amortissements que doit passer la société si elle opte pour l’amortissement linéaire ?
2- Et si elle opte pour l’amortissement dégressif ?

Réponses :
Tout d’abord, il convient de calculer la valeur d’entrée du véhicule :
Valeur d’entrée = 10 000 €+ 2 000 € = 12 000 €
1- Si les amortissements sont linéaires, le taux d’amortissement est de : 100 / 5 = 20 %
L’annuité est donc de : (12 000 – 2 000) * 20 % = 2 000 €
Toutefois, le véhicule a été mis en service le 9 avril, la 1er annuité est donc égale à : 2000 *(16 + 31 + 30 + 31 + 31 + 30 + 31 + 30 +31) / 360 = 1 450 € (prorata temporis du 9 avril au 31 décembre).
Pour que l’amortissement du véhicule soit total, une 6ème annuité devra donc être inscrite au bilan de l’entreprise en 2019 pour un montant résiduel de 550 €.
Années Valeur d’entrée Valeur nette d’amortissement début d’exercice Annuités d’amortissement linéaire Amortissements cumulés Valeur nette d’amortissements de fin d’exercice

Année Valeur d’entrée Valeur nette d’amortissement début d’exercice Annuité d’amortissement linéaire Amortissements cumulés Valeur nette d’amortissement en fin d’exercice
2014 12 000 12 000 1 450 1 450 10 550
2015 12 000 10 550 2 000 3 450 8 550
2016 12 000 8 550 2 000 5 450 6 550
2017 12 000 6 550 2 000 7 450 4 550
2018 12 000 4 550 2 000 9 450 2 550
2019 12 000 2 550 2 000 10 000 2 000

Tant que ces amortissements comptables correspondent aux amortissements fiscaux (comme indiqué dans les données de l’exemple), il n’y aura pas de constatation d’amortissement dérogatoire.

2 – Si la société procède à des amortissements dégressifs, le coefficient à appliquer est de 1,75 (en prenant en compte la durée de vie du véhicule).
Le taux d’amortissement dégressif est égal à : 20 % (taux d’amortissement linéaire) * 1,75 = 35 %

  • La 1ère année, le montant amorti est égal à : 10 000 * 35 % * 9 * 30 / 360 = 2625 € (prorata temporis du 1er avril au 31 décembre).

Pour les années qui suivent, l’amortissement est calculé à partir de la valeur résiduelle :

  • La 2ème année, la valeur résiduelle est de 7 375 € et l’amortissement est égal à 7 375 * 35 % = 2 581, 25 € ;
  • La 3ème année, l’amortissement est égal à : 4 793,75 * 35 =1 6777,81 € ;
  • La 4ème année, la société doit opter pour l’amortissement linéaire, car la durée de vie résiduelle n’est plus que de deux, qui correspond à un taux d’amortissement linéaire de 50 % (qu’est supérieur au taux d’amortissement linéaire de 35 %) ;
  • Donc, pour les deux dernières années, l’amortissement est égal à 3 115,94 / 2 = 1 577,97 €
Année VNA début d’exercice Annuité d’amortissement dégressif Amortissement dérogatoire Amortissement cumulé VNA de fin d’exercice
2014 12 000 2 625 – 1 175 2 625 9 375
2015 9 375 2 581 – 581 5 206 6 794
2016 6 794 1 678 + 322 6 884 5 116
2017 5 116 1 558 + 442 8 442 3 558
2018 3 558 1 558 + 442 10 000 2 000

Il convient donc de passer :

  • Des reprises sur provisions réglementées pour le montant des amortissements dérogatoires au titre des exercices : 2014 et 2015 ;
  • Des dotations aux provisions réglementées pour le montant des amortissements dérogatoires au titre des exercices : 2016, 2017 et 2018.

Enfin, la méthode d’amortissement linéaire est la méthode la plus utilisée car elle relève du régime obligatoire de droit commun qui est invariablement accepté en fiscalité. L’amortissement dégressif pour sa part relève du régime facultatif du droit commun. Celui-ci est réservé à certaines catégories de bien, et ce, notamment pour encourager l’investissement.

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