Le blog des entrepreneurs L’echec entrepreneurial: comment rebondir ?
Comment peut-on rebondir après un échec entrepreneurial ? Quelles sont les principales causes de l’échec et comment les éviter ? Philippe Rambaud, le président de 60 000 rebonds, une association qui aide les entrepreneurs à rebondir, répond à vos questions.
Avant de créer cette association Philippe Rambaud a lui aussi connu l’échec.
Ce que l’on ressent après un échec entrepreneurial
La perception de l’échec est très différente entre les États-Unis et la France
Les principales causes de l’échec entrepreneurial
Tout le monde peut rebondir, sous certaines conditions…
Il n’y a pas de sélection pour être accompagné par 60 000 rebonds
Le mot de la fin
60 000 rebonds est une association loi 1991, née début 2012 et a pour but d’aider les entrepreneurs, qui ont connu la faillite ou la liquidation, à repartir dans un nouveau projet, et si possible entrepreneurial. Philippe Rambaud, président de 60 000 rebonds nous donne son point de vue et ses conseils sur l’échec entrepreneurial.
J’ai travaillé pendant 25 ans chez Danone, dont 11 ans dans des fonctions de direction générale, puis j’ai créé ma propre entreprise à 40 ans. et c’est une entreprise qui travaillait pour de nombreuses multinationales dans le monde. En 2008 cette société a fait faillite par manque de rentabilité et le retournement de 2008.
A la suite de cette faillite, j’ai vécu une immense interrogation sur moi-même. Mais, j’ai eu beaucoup de chance parce que j’ai été soutenu par ma femme, coach professionnel, mais aussi par mes clients qui m’ont poussé à me lancer dans le Conseil, juste après la liquidation de ma société au Tribunal de Commerce, et m’ont confié mes premières missions.
J’ai aussi eu une assurance-chômage qui m’a permis d’avoir des revenus pendant plusieurs mois. Je me suis rendu compte que parmi les 60 000 entrepreneurs qui déposent le bilan en France (je n’avais pas conscience de ce chiffre avant), quasi-totalité d’entre eux n’a pas bénéficié de la chance dont j’ai bénéficié. C’est pourquoi j’ai imaginé par la suite faire du bénévolat pour pouvoir aider ces entrepreneurs à rebondir.
J’ai vu beaucoup de talents, avec de la créativité et de l’audace, qui ont échoué, et je pense que c’est un vrai gâchis que de ne pas les aider.
D’abord l’échec est une perception, ce n’est pas une situation en tant que telle, c’est un objectif qui a été raté. Dans l’échec entrepreneurial, il y a un tel investissement affectif et une telle espérance imaginés par le dirigeant que l’entrepreneur a souvent l’impression que cet échec est définitif.
On assiste alors à un très grand découragement, un sentiment de honte extrêmement fort qui plus est, dans un pays où l’échec est très stigmatisé. Il y a aussi un fort sentiment de culpabilité.
Mais ce sentiment dépend beaucoup de l’âge, car quand on a 20 ans, et que c’est notre première boîte, on n’a pas grand chose à perdre. Mais plus âgé, on peut avoir une famille, une maison , des enfants, un statut social … Plus on a construit un édifice important et plus le sentiment d’effondrement sera important. Cela peut aussi faire remonter des fractures personnelles sur lesquelles on n’avait jamais travaillé avant.
On fait donc face, en général, à un traumatisme personnel important.
Le deuxième enjeu, est l’enjeu professionnel. En France, on a un principe qui consiste à dire que celui qui réussit est compétent, et que celui qui ne réussit pas est incompétent, et pour toujours. Or cela n’a plus rien à voir avec l’économie du 21ème siècle qui est une économie du « savoir être » et non plus seulement du « savoir-faire ». Dans une économie du « savoir être », vivre un échec est un réel apprentissage. On devrait donc non pas stigmatiser l’échec, mais plutôt encourager les êtres humains à travailler leurs échecs !
C’est une question de culture. En France, on est très attaché au patrimoine et à la transmission. Aux États Unis, le patrimoine a moins d’importance, on transmet beaucoup moins de génération en génération. Il me semble qu’on y vit davantage dans la “circulation” de l’argent qu’on ne s’accroche à ses privilèges. Du coup, on est beaucoup plus tenté de « parier » et de prendre des risques dans l’entrepreneuriat.
Une des grandes différences vient aussi de l’éducation scolaire. En France, on est marqué par le « peut mieux faire » c’est-à-dire que l’on met beaucoup plus en avant les erreurs et fautes d’un individu que ses talents. Aux Etats Unis la première chose que l’on entend à l’école c’est « good job ». Ce sont deux notions qui conditionnent énormément les individus.
L’échec est un sentiment. Le premier travail essentiel à faire après un échec est d’aller chercher les erreurs qui dépendent de nous, et l’environnement qui nous dépasse et qui a souvent changé brutalement..
Dans tout deuil on commence par nier, on remet la faute sur les autres. Il faut accepter son échec et ses erreurs personnelles. En général, si on arrive au tribunal de commerce, c’est parce que la gestion a été insuffisante. Une gestion insuffisante peut venir d’un modèle économique qui a été mal construit pour des raisons de méconnaissances du marché par exemple ou par excès d’optimisme..
On voit souvent aussi des entrepreneurs échouer car ils étaient trop isolés et ne se sont pas confrontés à des clients potentiels. Si on ne va pas voir les clients on ne peut pas être sûr que notre produit est bien pertinent. Avant de présenter un projet, il faut le perfectionner au maximum: il faut travailler son business model, son business plan et son exécutive summary mais surtout faire confronter le projet à la réalité en allant voir les clients.
Si le business model est bien conçu, alors l’échec vient souvent des taux de marge insuffisants ou du temps que l’on va mettre à gagner des clients beaucoup plus long qu’anticipé. C’est pourquoi les fonds d’investissements ont souvent tendance à réduire de moitié à peu près la « montée en puissance » des business plan et réduisent de moitié les taux de marges. Car ils savent que l’entrepreneur va embellir son projet de manière excessive.
Je pense que tout le monde peut se relancer, à partir du moment où l’entrepreneur a travaillé son erreur.
La vraie problématique après un échec est de ne pas répéter son erreur. Les erreurs les plus compliquées à corriger sont les erreurs de « savoir être », c’est-à-dire par exemple « j’ai été trop optimiste » , « j’ai mal écouté » etc … Il faut bien les comprendre si on ne veut pas les refaire.
La deuxième chose qu’il faut avoir c’est de la vitalité. En général, cette vitalité est comme anesthésiée par le sentiment d’échec. Une de nos tâches est de la réveiller; et c’est formidable de voir à quelle vitesse, les entrepreneurs peuvent redémarrer…s’ils ont bien accompagnés.
C’es la le troisième point: s’isoler est la pire des conditions pour repartir. L‘accompagnement par des vrais professionnels est un élément clé du rebond. Comme dans le cas d’un sportif de compétition, durement blessé.
S’ils ont cette vitalité et qu’ils arrivent à faire un travail sur l’apprentissage de leurs erreurs, alors ils seront capables de rebondir.
Pour l’instant on ne fait pas de véritable sélection. On prend les hommes et les femmes tels qu’ils sont. C’est ce qui fait notre fierté. La seule sélection que l’on peu faire est au niveau des qualités morales: ce n’est pas facile à déterminer mais on a fait un certain nombre de critères qui font que par moments on ne retient pas une personne. Mais cela est assez rare. Néanmoins, chaque entrepreneur passe devant un Comité d’Agrément.
Un conseil: il ne faut pas relancer un projet entrepreneurial trop vite; éviter la précipitation et le manque de recul et d’analyse.. Il y a une dimension de temps à prendre en compte (même si cela est difficile car on n’a pas de revenus après la faillite).
Il faut au moins 3 mois de travail et de coaching individuel et personnel pour bien comprendre ses erreurs et ses talents. Il faut en moyenne entre 6 mois et 2 ans pour que le nouveau projet devienne vraiment solide.
On a aussi 30% de nos accompagnés qui repartent vers le salariat pour des raisons économiques ou parce qu’ils ne se sentent plus de repartir vers une aventure entrepreneuriale.
Environ 60% de nos entrepreneurs accompagnés se sont relancés et sont aujourd’hui capables de vivre de leur activité. C’est une immense satisfaction que de voir un entrepreneur se relever, se relancer et repartir dans une nouvelle aventure !
il ne faut pas avoir peur de connaître l’échec avant de connaître le succès. Il est nécessaire de prendre des risques, de se protéger te de protéger les autres des conséquences de ces risques et d’anticiper l’échec avec des “plans B”, des scénarios alternatifs. C’est un apprentissage indispensable. Un enfant apprend à marcher en tombant. C’est une métaphore que l’on peut appliquer dans tous les domaines. Si vous avez fait un bon travail d’analyse de vos erreurs et de vos talents, alors vous serez beaucoup plus fort. L’échec fait partie des grands apprentissages de la vie même si cela peut faire mal. Réussir fait avancer, mais échouer peut faire grandir (si on travaille bien l’erreur).
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